Prédire la renonciation à la libération conditionnelle dans le système correctionnel provincial du Québec

Dans le système correctionnel québécois, les détenus admissibles à la libération conditionnelle sont automatiquement convoqués à une audience devant la Commission québécoise des libérations conditionnelles à moins d’y renoncer. Chaque année, près de la moitié des détenus admissibles renoncent, mais les autorités correctionnelles ignorent pourquoi. L’objectif de cette recherche était d’identifier les détenus provinciaux du Québec susceptibles de renoncer.

Les Services correctionnels du ministère de la Sécurité publique du Québec nous ont fourni des données administratives (p. ex.: caractéristiques sociodémographiques, antécédents judiciaires, dossiers correctionnels) sur tous les détenus admissibles à la libération conditionnelle en 2014-2015 (N = 3 675). Une sous-population de détenus évalués avec le LS/CMI (N = 2 579) a été sélectionnée. Des régressions logistiques ont ensuite été réalisées en isolant les hommes allochtones, les femmes allochtones et les hommes autochtones, puis en les regroupant tous.

Les résultats montrent que les facteurs qui prédisent la renonciation varient selon le sexe et l’ethnicité. Cependant, la recommandation de l’agent de probation pour la remise en liberté est un prédicteur important pour les trois sous-groupes. Les hommes autochtones ont également une probabilité significativement plus élevée de renoncer que les hommes (Exp(B) = 2,234) ou les femmes (Exp(B) = 2,073) allochtones, même lorsque d’autres facteurs sont pris en compte. Ceci suggère la présence de problèmes structurels qui inciteraient les détenus autochtones à se priver de la possibilité d’une libération sous condition.

Mots-clés : Libération conditionnelle, mise en liberté sous condition, prison, renonciation, système correctionnel.

Ce contenu a été mis à jour le 15 juillet 2020 à 12 h 25 min.